Avec les soldats ukrainiens qui se forment en France sur le canon Caesar (2024)

Camouflé par la végétation, un Caesar (camion équipé d'un système d'artillerie) s'avance à découvert sur la terre ocre et rocailleuse. Cinq soldats ukrainiens sautent rapidement de la cabine blindée, le canon de 155mm commence déjà à s'élever. Les ordres fusent, brefs et secs.

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Un homme prend sur son épaule un obus de 45kg puis le place sur le chargeur automatique. Le chef de pièce abat son bras et c'est tout le paysage qui renvoie un écho de tonnerre. La poussière se soulève, un souffle chaud frappe le visage. Trois coups sont tirés, l'arrière du camion six roues redescend au sol, l'équipage rembarque et le Caesar disparaît. L'ensemble de la manœuvre aura duré moins de deux minutes.

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Un entraînement express en France pour les Ukrainiens

Ces tirs en conditions réelles se sont tenus en maidans un camp militaire en France. Ils sont45Ukrainiens venus spécialement pour être formés sur canon Caesar pendant deux semaines. La première consacrée à la conduite et la maintenance du véhicule, la seconde sur la rapidité et la précision des tirs. Un entraînement express alors que l'Ukraine doit à lafois tenir le front et former ses unités.

Impossible d'interroger ces soldats sur leur formation, la guerre qu'ils mènent. Les patchs de leurs unités respectives sont retirés. Seuls les instructeurs français, issus d'un régiment d'artillerie, anonymisé lui aussi, prennent la parole. Tous le soulignent: «Au bout d'une semaine de formation, le niveau est très satisfaisant.»

Sur les45Ukrainiens,17ont déjà utilisé, «sur le tas», le fameux canon français en Ukraine. Les autres ont acquis des réflexes d'artilleur sur d'autres pièces comme les Himars ou les Ouragan, des lance-roquettes multiples américains et soviétiques.En 2023,350artilleurs ukrainiens ont été forméspar la France, sur un total de 12000 soldats. En septembre, ce seront trois officiers ukrainiens qui entrerontdans des écoles d'application militaire françaises.

La quinzaine de tirs prévue ce jour-là visent des coordonnées situées à 10km. «La plupart des obus tombent à moins de50mètres de la cible, c'est très précis», souffle un instructeur placé en observation près du point d'impact. Outre la précision, c'est la rapidité d'exécution qui est aussi au cœur de la formation. «Chaque seconde qu'ils passent sur une position, c'est une seconde supplémentaire où ils peuvent se faire repérer et cibler par de la contrebatterie», explique le lieutenant-colonel Marc, qui commande le détachement d'instruction opérationnelle.

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Car une fois un obus en vol, des radars peuvent calculer sa trajectoire, et donc l'endroit d'où il a été tiré. «Aujourd'hui, le temps moyen de détection en Ukraine est de quatre minutes», ajoute l'officier.Passer plus de quatre minutes au même endroit, c'est la quasi-assurance d'être tué.Les drones, omniprésents sur le champ de bataille, sont, eux aussi, à l'affût pour repérer et détruire des pièces d'artillerie qui n'ont pas retrouvé le couvert des arbres après leur tir.

Rapidité, autonomie… Les points forts du Caesar

En service depuis2009dans l'armée française, le Caesar mise donc sur la mobilité (600km d'autonomie) pour protéger son équipage. Seule la cabine blindée offre une relative protection sur l'engin de18tonnes. La pièce française a depuis connu son heure de gloire en Ukraine, où la précision de son tir, sa rusticité mécanique et sa mobilité sont saluées. Les militaires français n'hésitent à dire que c'est actuellement la meilleure pièce d'artillerie au monde.

Résultat, seuls5Caesar ont été détruits et3endommagés sur 67, selon le décompte du site Oryx, qui comptabilise les pertes de part et d'autre via des photos et vidéos. À l'inverse, les pièces lourdes et moins mobiles sont plus souvent détruites. C'est le cas des 2S1 Gvozdika d'origine soviétique (114 détruits ou endommagés) ou des M777 américains tractés (87).

Autre avantage, le Caesar peut agir en totale autonomie. Sa capacité d'emport de18obus et de charges explosives permet à son équipage d'opérer de manière prolongée et indépendante. «Généralement, les pièces d'artillerie fonctionnent ensemble avec une qui tire pour donner aux autres les réglages à faire. Le Caesar peut tirer, se cacher, puis tirer d'un autre endroit en intégrant les données du premier tir», explique un officier français.

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L'enjeu des obus

Conscient du rôle clé joué par le canon tricolore en Ukraine, Paris a pris la tête, avec les États-Unis, d'une coalition artillerie en janvier. Ellevise à «coordonner les sessions de livraisons en matériels, pièces et munitions», rembobine le général Jean-Michel Guilloton qui la dirige. La France s'est ainsi engagée à livrer78pièces Caesar à l'Ukraine en 2024. Six ont déjà été livrées et douze autres financées par Paris. Reste à trouver les pays qui accepteront de financer les60suivants, pour un budget de 280millions d'euros.

Côté munition, l'Hexagone produit 3000 obus de 155mm par mois destinés à l'Ukraine, «un nombre clairement insuffisant», reconnaît le général Guilloton. Alors que la Russie est à l'offensive près de la ville de Kharkiv, Kiev demande désespérément des munitions, en obus comme en missiles sol-air. LesÉtats-Unis et les pays européens s'activent pour trouver des stocks et produire plus d'obus. Outre l'Ukraine, l'armée française a également besoin d'un nombre important d'obus pour l'entraînement comme pour reconstituer ses réserves.

Avec les soldats ukrainiens qui se forment en France sur le canon Caesar (2024)
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